L’élégance du hérisson

«  (…) c’est peut-être ça la vie : beaucoup de désespoir mais aussi quelques moments de beauté où le temps n’est plus le même. »

Je ne savais pas dans quoi je m’embarquais avec ce roman. Il faut dire que je me posais mille questions au début… Suis-je tombée sur une critique de la société ? Les riches contre les pauvres, les pauvres contre les riches ? Le ton est incisif à maintes reprises, que cela soit de la part de Renée la concierge ou de Paloma l’ado riche. Je ne savais pas trop comment aborder ces deux personnages principaux… Et puis, il y a l’écriture, un vocabulaire recherché (trop même), des mots compliqués par-ci par-là. C’était un peu déstabilisant. Un dictionnaire n’aurait pas été de refus par moments. Est-ce un fait exprès ? Pour montrer combien les deux protagonistes aiment la langue française ?

Car si tout semble séparer les deux héroïnes, elles ont pourtant de nombreux points communs (en plus de critiquer un peu tout ce qui leur tombe sur la main) : elles adorent la grammaire, les belles tournures de phrases, les beaux mots.
Renée n’est pourtant « que » une concierge. 54 ans, veuve depuis une quinzaine d’années, possède un chat nommé Léon (comme Tolstoï). Malgré son statut de pauvre dans cet immeuble de riches, elle est dotée d’une curiosité et d’une intelligence que nul ne pourrait déceler. Et cela du fait qu’elle fasse tout pour paraitre idiote aux yeux de ses riches employeurs.
Quant à Paloma, c’est une adolescente de douze ans et demi vivant dans le même immeuble que Renée. Dotée d’un QI très élevé, elle essaye de ne pas trop montrer son intelligence à tout bout de champ (même si cela ne l’empêche pas d’être la première de classe). Ce qui l’insupporte le plus ? Sa sœur Colombe et ses parents, aux airs et actions futiles. Avec son œil vif, ses remarques acerbes, elle n’hésite pas à porter des réflexions critiques sur tout et n’importe quoi, mais toujours dans le plus grand secret, bien gardé par son journal.

Contre toute attente, ce livre fut une vraie claque. Il nous fait prendre conscience (du moins, c’est ce que j’ai ressenti à la seconde où je l‘ai définitivement fermé) que se cacher derrière des stéréotypes, des façades toutes faites qui confortent Monsieur et Madame Tout-le-Monde, n’est pas la meilleure idée qui soit. Si on veut profiter de la vie, il faut avant tout rester tel que l’on est et ne pas hésiter à prendre la main de celui ou celle qui vous la tend, même si tout mène à croire que ce n’est pas une bonne idée (car il y a une différence de portefeuille, d’âge etc).
C’est un hymne à l’amitié, à l’amour de la langue française, au cinéma, au thé au jasmin, à Tolstoï, au Japon… Un roman bouleversant si on ose s’y plonger entièrement.

 

Challenge des Douze Thèmes – Mai : lire un livre avec une fleur dans le titre ou sur la couverture.

Challenge Tour du Monde littéraire : France.

L’élégance du hérisson
Muriel Barbery (1969)
Folio 2009 – 410 pages
Première publication en 2006

3 réflexions sur “L’élégance du hérisson

  1. J’ai aimé le ton du roman, empreint d’ironie (même s’il frôle parfois l’outrance dans sa caricature du peuple contre les élites), mais surtout j’ai aimé cette belle histoire d’amitié..

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