La Baleine blanche

Il y a des livres dont on n’a jamais entendu parler auparavant et qui, pourtant, nous attirent. Que cela soit à cause du titre, de la couverture ou du résumé, on craque. C’est ce qui s’est produit avec La Baleine blanche de Jacques Lanzmann. Que pouvait bien faire une baleine blanche avec ce petit garçon et ce vieux monsieur sur fond montagneux ? Le résumé, concis, me laisse entrevoir une escapade au Népal sur les pentes de l’Himalaya. Une odeur d’aventure me parvient alors. Moi aussi, je veux faire l’ascension de la plus haute chaîne de montagnes du monde !

Jacques Lanzmann nous conte l’histoire d’Alex, jeune garçon de 13 ans rempli de rêves, d’espoir et de détermination. Il vit avec sa maman, Nora, et Rodolphe, l’amant de cette dernière. Quant à son papa, Vince, il est parti pour trois semaines de randonnée au Népal. C’était il y a trois ans… Vince est un artiste, il écrit des chansons pour de grandes vedettes. Mais depuis quelques années, il a pris l’habitude d’aller chercher son inspiration, sa « baleine blanche », sur les chemins de randonnée. D’abord sur les GR, il partira ensuite un peu partout dans le monde, chaussé de ses grosses bottines de marche, un sac à dos pour seul bagage.
Alex voue une grande admiration pour ce père aventurier. D’ailleurs, il nous dévoile au fil des pages des extraits des textes écrits par Vince. À la lecture de la dernière lettre de ce dernier, Alex décide d’aller le retrouver au Népal, que Nora le veuille ou non. Heureusement, Léon est là ! Ce grand-père de 82 ans s’envole alors avec son petit-fils vers un continent inconnu… Ce duo, plus qu’incongru, est remarquablement dépeint au travers des paroles pas si enfantines que ça d’Alex. Ses raisonnements et métaphores prêtent à sourire à de nombreuses reprises. Cependant, malgré tout l’optimisme du monde, le garçon et son grand-père peinent à trouver la trace de leur baleine blanche dans ce pays en tous points différent de la France.

Le proverbe disant que l’habit ne fait pas le moine prend tout son sens avec ce livre. Loin de l’histoire toute belle toute gentille à laquelle je pensais d’abord faire face, Jacques Lanzmann nous plonge sans détour dans cette quête d’un petit garçon à la recherche de son père. Durant ce voyage, Alex apprendra de grandes leçons de vie. Certaines plus déstabilisantes et traumatisantes que d’autres. « La Baleine Blanche » est un roman qui cache bien son jeu…

Challenge des Douze Thèmes
Février – À la montagne

Petit BAC 2019 : 5 – Couleur

La Baleine blanche
Jacques Lanzmann (1927-2006)
Le Livre de Poche 1983 – 285 pages
Première publication en 1982 (Éd. Robert Laffont)
ISBN : 2-253-03139-9 / 9782253031390

La dernière valse de Mathilda

Au travers de ce roman, Tamara McKinley nous embarque dans une histoire incroyable, truffée de secrets et de non-dits, le tout sur fond de paysage aride australien. Un régal !

À peine les premières pages parcourues, on ne peut décrocher du roman. On fait la rencontre de Mathilda qui vient de perdre sa mère. Elle se retrouve alors seule, avec son père alcoolique, à gérer le domaine familial : une station d’élevage de moutons située en Nouvelle-Galles du Sud, en Australie.
Après ce prologue d’une cinquantaine de pages (si, si ! vous avez bien lu !), on passe de l’après Première Guerre Mondiale à nos jours, aux côtés de Jennifer, à Sydney. Jenny vient de vivre l’invivable : son mari et leur fils encore bébé viennent de perdre la vie… Sombrant dans le deuil et la dépression, cette artiste-peintre est heureusement épaulée par sa meilleure amie, Diane.
Un jour, le notaire appelle Jenny pour une toute dernière affaire à régler. Il s’agit d’un cadeau que Peter, son mari, prévoyait de lui offrir pour son anniversaire. N’étant plus là pour le lui offrir, c’est au notaire de s’en charger. Et pour un cadeau, c’est un gros cadeau ! Peter a acheté Churinga, une station d’élevage de moutons au cœur de l’outback. Un rêve qui serait devenu réalité pour le couple qui souhaitait revenir à la terre. Mais alors que Jenny se retrouve seule, que faire ? Elle décide tout de même d’aller sur place durant quelques mois avant de décider si oui ou non, elle se voit propriétaire d’un tel domaine toute sa vie.
Une fois à Churinga, le paysage, l’immensité, ce vide alentour, laissent Jenny bouche bée. Très vite, elle fait la connaissance de Brett, le directeur des lieux, ainsi que des ouvriers venus pour la saison de la tonte et la cuisinière, une femme très aimable qui lui tiendra compagnie lors des premières semaines sur place. Jenny découvre un jour un coffre contenant quelques vêtements et des journaux intimes signés d’une certaine Mathilda, qui se révèle être l’ancienne propriétaire de Churinga.
Petit à petit, on découvre la vie de ces deux femmes au caractère bien trempé. Très vite, Jenny comprendra les rumeurs planant sur les lieux, disant qu’ils sont maudits. Indépendante et tenace, Mathilda a réussi durant les temps durs de sécheresse et de guerre, à maintenir sa petite entreprise. Mais malgré son dur labeur, la vie n’a pas été clémente envers elle. D’abord enfant puis femme, elle a connu des instants très difficiles qui la marquèrent à vie.

Dit comme ça (et encore, j’ai essayé de ne rien trop dévoiler), l’histoire ne semble peut-être pas trop emballante, et pourtant… En plus de suivre en parallèle l’histoire de deux femmes qui survivent à la vie, nous sommes littéralement transportés. On ressent la chaleur insoutenable, la moiteur de nos mains et la transpiration qui dégouline le long de notre colonne vertébrale. On admire, nous aussi, les paysages immenses de terre rouge qui se perdent à l’infini à l’horizon.
L’écriture est telle que l’on ne peut que suivre le flot des mots. J’ai lu ce gros pavé par à-coups, parfois avec plus d’une semaine sans y toucher, et, pourtant, dès que j’y revenais, c’était comme si on m’attendait. J’étais repartie, une fois aux côtés de Jenny, une fois avec Mathilda. Contrairement à certaines lectures passées, je n’ai eu aucun mal à replonger dans l’histoire.

Je suis très contente d’avoir enfin lu Tamara McKinley ! Sa plume est ravissante et l’histoire pleine de mystères et de secrets de famille. On s’accroche tellement aux personnages qu’on rit, pleure et crie avec eux.
Un roman prenant, donc, qui vaut vraiment le coup d’être découvert.

Autour du monde, elles écrivent
Un hiver anglo-saxon – Autrice australienne

Petit BAC 2019 : 1 – Prénom

Tour du monde littéraire : Australie

 

La dernière valse de Mathilda
Tamara McKinley (1948-)
L’Archipel (Archipoche) 2007 – 567 pages
Titre original : Matilda’s Last Waltz
Traduit de l’anglais par Catherine Ludet
Première publication originale en 1999 (Piatkus)
Première publication française sous le titre de « L’héritière de Churinga » (2004, France Loisirs)
ISBN : 9782352870180

Les gens heureux lisent et boivent du café

Cherchant un livre dans ma PAL qui pourrait coller à la thématique du mois de janvier du Challenge des Douze Thèmes, je suis retombée sur ce roman beaucoup (trop) vu sur Livraddict et Instagram. Comme à mon habitude, je me lance entre les pages sans lire la quatrième de couverture, et découvre qu’elles traitent du deuil…

On suit Diane, une Parisienne vivant tel un ermite depuis un an. Depuis l’accident qui a causé la disparition de son mari et de leur fille… Un an après et toujours dévastée, Diane ne peut compter que sur son meilleur ami, Félix. Mais quand ce dernier, pour la faire bouger un peu, lui propose de partir en vacances, ce n’est pas pour aller au soleil en sa compagnie qu’elle accepte, mais pour un exil de quelques mois en Irlande, seule à défaut d’y aller avec Colin, son mari qui souhaitait découvrir ce pays.
La voilà donc à Muranny, un petit village côtier où tout le monde se connaît et où le calme règne. Les propriétaires du cottage que Diane loue sont adorables, voir trop envahissants. Le reste des villageois sont polis et aimables, à croire que leur caractère s’est adapté à la météo. À défaut d’avoir du beau temps, ils apportent eux-mêmes la chaleur que le soleil ne veut leur offrir. Et puis, Edward, son voisin et neveu des propriétaires, fait son entrée… Grand, cheveux ébouriffés, barbe de trois jours et regard indéchiffrable, on comprend vite qu’il ne restera pas longtemps au second plan…

« Les gens heureux lisent et boivent du café » (j’ajouterai même : « et fument à longueur de journée ») se lit d’une traite ! L’histoire est néanmoins prévisible…
J’ai beaucoup aimé la première partie, quand Diane était cloîtrée dans son appartement parisien. On voit comment elle vit (subit) le deuil des deux personnes les plus importantes de sa vie. Son séjour en Irlande est la promesse d’une guérison, d’une deuxième vie qui commence, lentement et difficilement.
Dans son roman, Agnès Martin-Lugand aborde le deuil mais aussi la vie, la guérison, l’amitié, la solitude, l’acceptation, … Elle nous fait comprendre que la vie n’est pas toujours rose et violette, qu’elle peut être affreusement horrible envers nous, qu’en l’espace d’un instant on peut tout perdre.
Même si l’histoire de Diane est prévisible et va même à la limite du gnan-gnan selon moi, l’autrice arrive quand même à relever le niveau avec la multitude de sentiments qu’elle réussit à faire passer dans ce tout petit livre. Et rien que pour ça, je lève mon chapeau.

Challenge des Douze Thèmes
Janvier – Une histoire d’amour

Challenge Petit BAC 2019 : 9 – Lecture

Les gens heureux lisent et boivent du café
Agnès Martin-Lugand (1979-)
Pocket 2015 – 187 pages
Première publication en 2013 (Michel Lafon)
ISBN : 9782266243537

Les cinq personnes que j’ai rencontrées là-haut

« L’amour continue d’exister, même après la mort, (…). Il prend une autre forme, c’est tout. On ne peut plus voir le sourire de ceux que l’on aime, ni leur apporter à manger, ni ébouriffer leurs cheveux, ni les faire danser. Mais quand ces sensations-là s’effacent, d’autres les remplacent. La mémoire. C’est la mémoire alors qui devient votre compagne. Et on la nourrit. Et on s’y accroche. Pour finir, c’est avec elle que l’on danse.
La vie a une fin, c’est inévitable, pas l’amour qui, lui, est infini. »
(p.193)

 

Cela faisait depuis plus de 10 ans que ce livre me faisait de l’œil, 7 ans qu’il était en ma possession et seulement depuis le 5 janvier que j’ai tourné la dernière page…
C’est un peu le livre de circonstance, celui qui devait être lu à un moment précis pour pouvoir comprendre et intégrer pleinement son histoire. Alors que mille et une questions fusaient et fusent toujours dans ma tête concernant « l’après », Mitch Albom offre une réponse, une idée de comment cela pourrait être. Ça reste vague mais cela rassure un peu.

L’auteur aborde donc un thème délicat : la mort. Mais il parle également de la vie, de notre place sur terre, de notre rôle à tous et de ce qui nous lie à chacun. Il nous raconte tout cela sans fioriture, tout en légèreté au travers d’Eddie.
Eddie a 83 quand il meurt. Homme d’entretien d’un parc d’attraction qu’il connait comme sa poche pour y avoir vécu une grande partie de sa vie, c’est en vêtements de travail qu’il monte au ciel et fait la rencontre de cinq personnes. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, il ne s’agit pas des cinq personnes les plus importantes de sa vie, à ses yeux du moins, mais de cinq personnes qu’il a croisées à un moment ou un autre de son vivant et dont la rencontre a impacté leur vie, des deux ou seulement d’un des deux.
Ces personnes lèveront le voile sur les non-dits et expliqueront à Eddie sa vie, les pourquoi des comment, afin qu’il trouve la paix. Car, entre chaque chapitre se trouve un flash-back, un bond dans le temps, quand Eddie était plus jeune… Au fur et à mesure, on découvre quelle a été sa vie, ses bonheurs et ses malheurs. Derrière cette image de vieil homme claudiquant se trouve un jeune homme téméraire, un garçon amoureux, un soldat meurtri, un fils blessé, un mari comblé, un homme plein de rêves, un veuf rongé par la solitude, …

Il ne s’agit pas d’une histoire qui parle de Dieu et de religion. Ce n’est pas non plus un roman philosophique, même si j’ai annoté pas mal de passages… Non, Mitch Albom offre une histoire toute en simplicité, authentique, d’un homme ayant trouvé la mort accidentellement et qui se retrouve projeté au ciel, dans un lieu digne d’une imagination débordante. C’est une histoire touchante, qui met du baume au cœur de ceux qui ont perdu un être cher. C’est une histoire d’amour, de familles, de dur labeur, de morts et de vies.

Challenge ABC 2019
1/13 : Albom, Mitch, Les cinq personnes que j’ai rencontrées là-haut, 216 pages, Contemporain

Les cinq personnes que j’ai rencontrées là-haut
Mitch Albom (1958-)
Pocket 2007 – 216 pages
Titre original : The five people you meet in heaven
Traduit de l’anglais (américain) par Edith Soonckindt
Première publication américaine en 2003
Première publication française en 2004 (Oh! Editions)
ISBN : 9782266148023

The Christmas Mystery

En décembre 2018, je me suis laissée emportée par la vague d’engouement autour de Noël. Ce n’est pas une fête que j’aime particulièrement, si ce n’est qu’elle me permet de voir ma famille réunie, mais voilà que j’ai lu deux livres autour de cette période si chère au cœur de tant de personnes. Après Le Noël d’Hercule Poirot d’Agatha Christie, j’ai donc craqué pour The Christmas Mystery de Jostein Gaarder, un auteur norvégien qui vous dit peut-être quelque chose… Il a, entre autres, écrit Le Monde de Sophie, un livre sur la philosophie qui m’attend patiemment dans ma bibliothèque.

Ne cherchez pas la version française de The Christmas Mystery, elle n’existe apparemment pas ! C’est donc toute contente de lire une histoire inédite, que j’ai commencé ce roman jeunesse.
Jostein Gaarder nous conte l’histoire d’un petit garçon, Joachim, qui, à la recherche d’un calendrier de l’Avent, tombe sur un calendrier qui se démarque des autres. Les illustrations semblent faites mains, et l’objet parait avoir quelques années derrière lui… Pourtant, il est comme neuf. Joachim n’a pas été attiré par hasard par ce calendrier de l’Avent, il est magique ! Chaque matin, il découvre non pas un morceau de chocolat ou un jeu miniature derrière la fenêtre, mais une image et un papier qui en tombe… En dépliant les petits bouts de papier, Joachim découvre des fragments d’histoire, celle d’une certaine Elisabet qui, à la veille de Noël, s’est encourue d’un centre commercial à la poursuite d’un agneau surgit de nulle part. Son chemin rencontrera cela d’un ange, d’un berger, d’un roi Mage et d’autres moutons et personnages quelque peu connus. Ensemble, ils s’en vont vers Bethléem, pour assister à la naissance de Jésus. Ce long voyage a de quoi surprendre. En plus du fait que de nouveaux pèlerins s’ajoutent à la troupe, le voyage a pour particularité d’aller en arrière dans le temps. Plus ils avancent dans l’espace, de la Norvège à Bethléem, plus le temps recule ! Si ça, ce n’est pas le magie de Noël !
Tout comme Joachim, j’étais pressée de découvrir la suite de l’histoire d’Elisabet et de ses drôles d’acolytes. Au fur et à mesure que l’histoire s’éclaircit, le petit garçon commence à se poser des questions : Qui a fabriqué le calendrier magique ? Elisabet n’est-elle réellement qu’un personnage de fiction ?

Ce roman, je l’ai lu comme s’il s’agissait d’un conte. Assez accessible en anglais, on est vite pris dans cette chouette petite histoire. Après, il faut accrocher à la thématique. Car si on parle de Noël et de ses origines, il y a forcément des passages qui portent sur le christianisme. Cela ne m’a pas trop dérangée malgré que je sois hâtée. Après, je suis née dans une famille catholique non pratiquante et ai suivi des cours de religion pendant pas mal d’année durant mon enfance… Ceci explique peut-être cela.
Puis, toute l’histoire n’est pas concentrée sur la religion, bien heureusement. C’est avant tout l’histoire d’un voyage à travers le temps et l’espace, qui nous en apprend un peu plus sur les époques et pays traversés. Surtout, ce livre nous rappelle une chose importante qui, que l’on soit croyant ou non, est primordiale dans la vie : il faut faire le bien autour de soi, aider son prochain du mieux que l’on peut. Après tout, n’est-ce pas là que réside la magie de Noël ?

Challenge des Douze Thèmes :
Décembre – Un livre sur Noël, le Pôle Nord ou avec une couverture hivernale

Challenge Tour du Monde littéraire : Norvège

Challenge Read in English 2018-2019

The Christmas Mystery
Jostein Gaarder (1952-)
Phoenix Books 2002 – 247 pages
Titre original : Julemysteriet
Traduit du norvégien par Elizabeth Rokkan
Première publication originale en 1992
ISBN : 9780753808665